SOMMAIRE
Le Programme d'évaluation des techniques de mesure d'impacts en milieu aquatique (ÉTIMA) a été créé dans le but d'évaluer et de comparer sur le terrain et en laboratoire certaines techniques de surveillance des effets environnementaux permettant de mesurer l'impact des effluents miniers sur le milieu aquatique. En 1996, on a procédé à des évaluations sur le terrain dans sept sites miniers afin de déterminer quels sites conviendraient à une évaluation ultérieure en 1997. Le présent rapport final d'étude sur le terrain fournit des renseignements détaillés sur les recherches effectuées à la mine de cuivre Gaspé de Murdochville (Québec).
L'étude sur le terrain conduite en 1996 à la mine Gaspé portait sur les éléments de l'étude de terrain énumérés ci-dessous.
- Revue des données historiques
- Tests de toxicité sublétale
- Caractérisation et classification des habitats
- Échantillonnage pour l'analyse chimique de l’eau
- Échantillonnage des invertébrés benthiques
- Échantillonnage des populations de poissons
- Prélèvement de tissus de poissons
Un sommaire des résultats de l'étude menée en 1996 à la mine Gaspé est présenté dans le tableau récapitulatif ci-dessous. Selon ces résultats, le site de la mine Gaspé satisfait à certains critères de pertinence aux fins de la vérification des hypothèses prévue pour 1997. L'évaluation du caractère approprié du site est présentée dans un document distinct.
Il existe une base de données historiques détaillées sur le site minier concernant l’effluent, la chimie de l’eau et la structure des communautés d'invertébrés benthiques ainsi que les populations de poissons. Ces données ont servi à la sélection de postes d'échantillonnage et à la comparaison des résultats avec ceux de l'étude de 1996. Le site de la mine Gaspé était facilement accessible et l'on a répertorié de nombreuses zones de référence et d'exposition présentant un habitat uniforme et une composition similaire du substrat. L'usine municipale de traitement des eaux usées rejette son effluent dans le bassin de décantation en amont de la zone d'exposition. Toutefois, ces rejets ne constitueraient pas un facteur d'erreur important en ce qui concerne le rejet de l’effluent minier, et d'après les analyses de détermination de la chimie de l’eau dans la zone d'exposition ainsi que de l’effluent, il n'y aurait pas d'effet d'enrichissement en matières nutritives (eutrophisation). L'effluent se déverse de façon continue à cet endroit. Des tests de toxicité sublétale ont été réalisés sur l’effluent, mais les résultats ne démontrent pas clairement la toxicité, sauf pour la reproduction chez Ceriodaphnia dubia et la croissance chez Lemna minor. Cependant, on ne devrait pas mettre de côté les tests de toxicité sublétale de l'effluent dans le cadre d'études ultérieures à cause des résultats de 1996 étant donné qu'il y avait plusieurs facteurs d'erreur, dont la toxicité de l’eau du milieu récepteur, la rivière Miller, et la non-validité des résultats des essais. Pour les recherches futures comportant des tests de toxicité sublétale, on recommande donc que l’eau du milieu récepteur (eau de dilution) soit prélevée dans le bras nord de la rivière York, tous les tests de toxicité sublétale étant effectués sur l’effluent prélevé le même jour, et qu'il y ait des tests de toxicité sublétale effectués à plusieurs reprises afin de pouvoir évaluer la variabilité des essais.
On n'a pas répertorié de zones de dépôt représentatives aux fins de l'échantillonnage des sédiments. La colonne d'eau représente donc la principale source d'exposition du biote aquatique aux métaux rejetés à partir de la mine. On a observé une différence importante dans la chimie générale de l’eau et les concentrations totales de métaux et des concentrations de métaux sous forme dissoute entre les zones de référence et d'exposition.
Les résultats du programme d'échantillonnage des invertébrés benthiques ont montré de grandes différences entre les zones relativement à la diversité des espèces en général, et à la diversité des espèces vulnérables, mais l'abondance totale des espèces est à peu près semblable d'une zone à l’autre.
L'omble de fontaine et le saumon atlantique au stade juvénile ont été les espèces dominantes dans les deux zones, leur nombre étant élevé. On devrait axer les futures études de populations sur les juvéniles du saumon atlantique étant donné que cette espèce était plus abondante et a fait l’objet d'échantillonnages par le passé. Il conviendrait d'évaluer les différences dans le taux de prises par unité d'effort (PPUE), la croissance et la condition des espèces indicatrices au site de la mine Gaspé en fonction des résultats de l'étude sur le terrain mené en 1996. Cependant, les études comparatives de la croissance des populations de saumons juvéniles seraient limitées par le petit nombre de classes d'âge présentes à ce site. La métallothionéine (MT) représentait un bon indicateur d'exposition au site de la mine Gaspé, les teneurs en MT chez les poissons entiers prélevés dans la zone d'exposition étant de beaucoup supérieures à celles des échantillons de la zone de référence. On a établi un lien entre les concentrations de métaux (Zn, Cu et Cd) et de MT. Des études ultérieures sur les tissus des poissons seraient possibles à cet endroit, moyennant les deux restrictions suivantes. D'abord, il n'y a pas d'obstacle sur le site permettant d'éliminer la possibilité d'une migration des poissons entre la zone de référence et la zone d'exposition. C'est pourquoi l’usage de cages à poissons serait une solution appropriée pour l'évaluation de l'exposition à l’effluent à cet endroit. Ensuite, comme il n'y a que des poissons de petite taille dans les bras nord et sud de la rivière York, il sera peut-être impossible de faire des comparaisons entre les effets sur les différents tissus étant donné que les poissons sont trop petits pour être disséqués.