RESUME
Devant l'intérêt général porte aux résultats d'essais de toxicité obtenus en temps opportun par les industries responsables de rejets, y compris par les membres du secteur des mines de métaux et les organismes gouvernementaux de réglementation, on a étudié plusieurs méthodes de microessai de dépistage de la toxicité dont l'apparition sur le marché est une alternative possible aux méthodes couramment utilisées. Cette évaluation a pour but de déterminer quels types de microessai de dépistage, s'il y a lieu, permettront de remplacer les méthodes de mesure de la létalité aiguë chez la truite arc-en-ciel, spécifiques au secteur des mines canadiennes. Comme les règlements récents prévoient l'utilisation, à des fins de conformité, de l'essai de létalité aiguë chez Daphnia magna, l'évaluation du projet comprend aussi une comparaison avec cet organisme d'essai.
Dans cette étude, on évalue les données obtenues avec les essais de toxicité effectues sur certains effluents miniers de divers types de mines (c.-à-d. zinc, cuivre/zinc, uranium, etc.) présentant une toxicité et des paramètres chimiques caractéristiques des effluents de mines canadiennes. Dans le rapport, on compare les essais de toxicité effectués à l'aide des bioessais de létalité aiguë chez la truite arc-en-ciel et chez Daphnia magna avec divers microessais de dépistage de la toxicité, dont l'essai Daphnia magna IQMC, ainsi que les essais MicrotoxMC, Rotoxkit F, Thamnotoxkit F et Toxichromotest.
Pour ce faire, on a évalué plusieurs critères spécifiques à chaque essai de toxicité et on a comparé ces résultats avec les résultats obtenus avec l'essai de toxicité chez la truite arc-en-ciel. Ces critères comprenaient les coûts, la vitesse d'exécution, la corrélation entre la chimie des effluents et les résultats des essais de toxicité, la reproductibilité des résultats, y compris les résultats intralaboratoires et interlaboratoires, l'applicabilité de chaque essai de toxicité et la comparabilité des résultats des microessais de toxicité avec des résultats semblables de toxicité chez la truite arc-en-ciel.
On résume ci-après les principales conclusions de l'étude de CANMET:
- Aucun essai de toxicité ne pouvait être comparé directement à l'essai de toxicité chez la truite arc-en-ciel, pour ce qui est de la comparabilité de la réponse toxique et de la corrélation entre les résultats et la chimie des effluents.
- Compte tenu des critères d'évaluation, le «meilleur» essai de toxicité variait selon le type de mines. Le «meilleur» essai de toxicité était, selon le type de mines, l'essai Thamnotoxkit, l'essai Daphnia magna IQ et l'essai de toxicité aigue chez Daphnia magna.
- Lorsqu'on choisissait l'essai Daphnia magna IQ ou l'essai Thamnotoxkit comme «meilleur» essai, c'est la méthode réciproque qui arrivait alors au deuxième rang. Lorsqu'on choisissait l'essai de toxicité aiguë chez Daphnia magna comme «meilleur» essai, alors c'est l'essai IQ ou l'essai Thamnotoxkit qui constituait la sélection suivante.
- II est devenu assez évident, d'après les résultats, qu'il faut évaluer cas par cas l'applicabilité du «meilleur» essai dans une situation spécifique. Les résultats de l'étude de CANMET permettent d’orienter cette évaluation et constitueraient, pour les personnes responsables de la gestion environnementale dans les entreprises et/ou les organismes gouvernementaux de réglementation, une raison de plus permettant de justifier la sélection d'un essai de toxicité spécifique.
- L'essai Daphnia magna IQ et l'essai Rotoxkit donnaient une réponse toxique accrue avec les effluents de mines d'or en comparaison de l'essai de toxicité chez la truite arc-en-ciel. Cette réponse toxique plus élevée peut-être le résultat d'un ou de plusieurs toxiques spécifiques (c.-à-d. le cyanure) caractéristiques des effluents de mines d'or, qu'il y aurait lieu d'étudier plus à fond.
- L'essai hautement normalisé Microtox, la disponibilité des résultats avec toxiques de référence, la possibilité d’obtenir rapidement des résultats et le niveau élevé de concordance (présence ou absence de toxicité) avec l'essai de toxicité chez la truite arc en-ciel rendent cet essai attrayant dans les sites miniers. Cependant, le coût d'investissement initial, l'insensibilité à divers métaux et l'applicabilité écologique réduite peuvent en décourager l'application aux effluents miniers. II faudrait évaluer cas par cas dans quelle mesure l'essai Microtox s'applique dans une situation spécifique. Si l'on envisage d'utiliser l'essai Microtox, il y aurait lieu d'évaluer de façon plus approfondie la durée d'exposition et l'agent d'ajustement osmotique (c.-à-d. sucrose/NaCl ou NaClO4 au lieu du NaCl).
- Actuellement, il n'y a aucune exigence d'AQ/CQ pour les trousses de microessais de la toxicité évaluées au cours de cette étude. Pour utiliser l'une de ces méthodes d'essai de la toxicité, il faudrait inclure des méthodes spécifiques de CQ/AQ (c.-à-d., toxiques de référence, analyse en double, exigences relatives à la présentation des résultats, etc.), afin de rendre les résultats crédibles, plus particulièrement si les résultats doivent remplacer les essais de toxicité aiguë qui sont normalement effectués.
Au cours de cette étude, on n'a trouvé aucune trousse d'essai commerciale d'usage général qui satisfasse aux exigences relatives à l'acceptation et à l'application dans l'ensemble du secteur minier, la communauté scientifique et les divers niveaux de gouvernement. Toutefois, cette étude permet de mieux comprendre la toxicité des rejets miniers, les interactions entre les divers essais de toxicité qui ont été évalues et les variations de réponse entre les divers types de mines et des exploitations minières spécifiques.
Les résultats donnes dans ce rapport et le format dans lequel ils sont présentés peuvent constituer une base à partir de laquelle tout site particulier pourra effectuer sa propre évaluation indépendante des essais de toxicité spécifiques à son type d'effluents, à son application et à ses priorités.