RÉSUMÉ
Le gouvernement du Canada s’est engagé à revoir le Règlement sur les effluents liquides des mines de métaux (RELMM) au début des années 90. Des discussions ont permis d’établir le besoin d’identifier les outils qui pourraient servir à surveiller les effets des effluents des opérations minières sur le milieu aquatique. Cela a fourni l’élan nécessaire au Programme d'évaluation des techniques de mesure d'impact en milieu aquatique (ETIMA).
Le mandat du programme ETIMA était composé de deux volets :
1) évaluer les technologies de surveillance environnementale qui pourraient être utilisées pour évaluer les impacts des effluents miniers, et
2) recommander des méthodes ou groupes de méthodes spécifiques qui permettront de caractériser de façon précise les incidences environnementales le plus économiquement possible.
Le programme ETIMA était une initiative conjointe du Centre canadien de la technologie des minéraux et de l'énergie (CANMET) et de l’Association minière du Canada (AMC). D’autres ministères fédéraux et provinciaux ont participé aux comités de gestion et de technique. Le programme, doté d’un budget de 3,4 millions de dollars, s’échelonnait de 1994 à 1998, et supportait plus de 30 études et projets individuels. Le présent rapport de synthèse fournit un résumé et un aperçu du programme, des principales conclusions et des recommandations finales.
Le programme comprenait trois principaux domaines techniques :
a) les méthodes de test de toxicité aiguë et sublétale,
b) les méthodes de surveillance de l’eau et des sédiments, et
c) les méthodes de surveillance biologique des eaux réceptrices.
Les outils et les méthodes recommandés dans ce rapport devraient pouvoir être utilisés dans un programme de surveillance de routine afin de documenter les conditions environnementales existantes et de déterminer s’il y a un effet mesurable. Le gouvernement fédéral met également au point un Programme de suivi des effets sur l'environnement (SEE) pour le secteur minier au Canada en vertu de la Loi sur les pêches fédérale. Le rapport de synthèse du programme ETIMA donne une liste des outils recommandés qui pourraient être adoptés dans le programme SEE.
Les outils de surveillance pris en compte par le programme ETIMA devaient porter sur au moins une des questions suivantes :
1) est-ce que les contaminants pénètrent dans le réseau aquatique?
2) les contaminants sont-ils biodisponibles?
3) la réponse (biologique) est-elle mesurable?
4) les contaminants dans le réseau sont-ils la cause de cette réponse?
Plus d’une centaine d’outils de surveillance possibles ont été pris en compte lors d’un tri initial, d’examens de la littérature (technique), et de tests en laboratoire et sur le terrain. Les outils ont été évalués à l’aide de plusieurs critères, notamment l’aptitude à répondre à une ou plusieurs des questions, la performance démontrée dans le programme ETIMA, le coût, le côté pratique et la disponibilité pour les protocoles normalisés.
Seuls les outils évalués dans le cadre du programme ETIMA ont été recommandés, bien que l’on reconnaisse que d’autres méthodes de surveillance puissent être disponibles en vue d’études plus détaillées. De plus, même si certains outils n’étaient considérés comme aptes à une utilisation dans des programmes de surveillance de routine, le programme ETIMA a reconnu leur application possible dans des études détaillées propres au site.
La composante « test de toxicité » a examiné cinq tests rapides de micro-toxicité comme remplaçants possibles des tests de létalité aiguë sur le truite arc-en-ciel et Daphnia magna communément utilisés pour examiner les effluents liquides. On a ensuite évalué la capacité de neuf méthodes de tests de toxicité sublétale à déceler les effets de l’effluent sublétale. De plus, on a examiné l’aptitude des résultats du test de toxicité sublétale à prévoir les effets biologiques en aval. On a également évalué quatre méthodes de test de toxicité des sédiments afin de déterminer leur aptitude à déceler les effets des rejets des mines.
Le mandat de la composante « surveillance de l’eau et des sédiments » du programme ETIMA était d’évaluer les méthodes d’évaluation des effets des effluents miniers sur les eaux réceptrices et leurs sédiments. Les outils et méthodes étudiés comprenaient les concentrations de métal total versus dissous dans l’eau, les méthodes de filtration, les limites de détection analytique, les méthodes de collecte des sédiments et l’analyse des concentrations de métal total ou partiel dans les sédiments.
La composante « surveillance biologique » évaluait les outils afin de déterminer si les contaminants étaient biodisponibles, et de mesurer les réponses biologiques dans les eaux réceptrices. Une vaste gamme d’outils ont été pris en compte, notamment les concentrations de métaux et les indices biochimiques dans les tissus des plantes et des animaux, les teneurs en métallothionéine dans les tissus des poissons, diverses mesures des invertébrés benthiques et des études des poissons, dont l’abondance, la croissance, l’histopathologie, la reproduction et la taille des organes.
On a également formulé une série de treize hypothèses officielles qui ont pu être vérifiées lors d’études faites sur le terrain en 1997. Les hypothèses étaient basées sur quatre questions, mais elles ont permis de clarifier des comparaisons entre certains outils de surveillance (p. ex. métaux totaux versus dissous dans l’eau). De plus, on a formulé un certain nombre d’hypothèses d’intégration afin d’examiner les rapports entre les différents outils ou résultats de surveillance (p. ex. rapport entre la toxicité des sédiments et les invertébrés benthiques).
Les essais sur le terrain des outils retenus comprenaient une grande partie du programme ETIMA durant trois années. En 1995, on a mené un programme pilote sur un site minier dans le but d’évaluer 10 outils de surveillance spécifiques. Le programme de 1996 sur le terrain comprenait une évaluation préliminaire de sept (7) sites miniers canadiens qui incorporaient les tests de toxicité ainsi que les mesures environnementales. Le but du programme de 1996 était de choisir quatre sites miniers en vue d’un essai plus détaillé, et de préparer un plan d’étude en vue d’enquêtes détaillées. Les critères utilisés pour choisir les quatre sites pour une évaluation détaillée étaient :
- la présence d’un gradient bien défini de l’eau, des sédiments, de la toxicité et des effets biologiques;
- la disponibilité de stations témoins adéquates;
- la compatibilité du site aux hypothèses de l’essai.
Le programme sur le terrain de 1997 comprenait deux phases :
- une évaluation détaillée sur le terrain et en laboratoire et une vérification des hypothèses à quatre sites miniers, et
- l’interprétation des données et une évaluation comparative des méthodes de surveillance.
Afin d’examiner la question « les contaminants du réseau sont-ils la cause de cette réponse? », on a procédé par l’approche du « poids de la preuve ». De façon plus spécifique, on a utilisé la triade de la qualité des sédiments afin d’examiner les rapports statistiques entre la chimie de l’eau et des sédiments, la toxicité et les réponses biologiques dans le cours d’eau (ou le lac).
Les divers essais en laboratoire, évaluations techniques et études sur le terrain ont tous fait l’objet de rapports individuels pour le programme ETIMA, qui comprenaient les recommandations propres aux outils de surveillance. Lorsqu’il y avait des différences entre un examen technique et les observations faites dans le cadre de l’étude sur le terrain, on accordait une plus grande importance aux résultats de terrain lorsqu’on examinait une recommandation. À la fin, seuls les outils recommandés dans le Rapport de synthèse sont endossés par l’ETIMA. Seize outils individuels ont été recommandés comme candidats potentiels dans un programme de surveillance minière de routine. Six autres outils sont reconnus comme pouvant avoir une application possible dans des enquêtes plus détaillées propres au site.