Les répercussions de l’établissement d’une couche de périphytons sur la capacité des couvertures aqueuses peu profondes de limiter l’oxydation des résidus réactifs ont été étudiées à la mine Louvicourt (Aur Ressources). Les auteurs d’une étude précédente avaient noté la croissance d’une couche de périphytons (biofilm) à la surface des résidus, submergés sous une couverture aqueuse de 30 cm, dans des cellules expérimentales. La présente étude a été entamée neuf ans après la déposition des résidus directement sous l’eau et les données géochimiques, minéralogiques et biologiques ont été intégrées aux fins d’une évaluation globale de l’efficacité à long terme de la couverture aqueuse peu profonde. Les variations géochimiques ont été étudiées au moyen de mesures in situ de la chimie de l’eau interstitielle. Des échantillons du biofilm, de la couche superficielle oxique des résidus et des couches profondes des résidus ont été analysés pour en déterminer les teneurs en métaux totaux; la spéciation de la phase solide, au moyen d’extractions chimiques séquentielles; et la composition minéralogique détaillée, au moyen de l’analyse d’image par MEB. Des techniques de biologie moléculaire (16S rRNA) ont été utilisées pour caractériser la communauté microbienne associée au biofilm. Les données chimiques ont confirmé une mobilisation de métaux-traces dans les résidus superficiels mais elles ont aussi indiqué que le biofilm retenait les métaux libérés. Les résultats montrent également que la spécificité du métal joue un rôle dans la nature des processus, et des flux qui en résultent. D’après les extractions séquentielles, le Cd et le Zn ont été capturés par des processus de sorption à l’intérieur du biofilm, alors que le cuivre a été piégé par la matière organique présente dans le biofilm. Les flux de Cd et de Zn vers la couverture aqueuse étaient 10 fois plus faibles qu’il y a sept ans, alors que les résidus ont cessé d’être un piège pour le cuivre pour en devenir une source de cuivre pour la couverture aqueuse. Les flux nets de cuivre, de Cd et de Zn vers la couverture aqueuse qui ont été calculés dans cette étude sont inférieurs de plusieurs ordres de grandeur aux flux signalés à d’autres sites. En outre, les concentrations en métaux estimées pour la couverture aqueuse résultants de ces flux seraient bien en deçà des limites établies pour les effluents miniers et seraient inférieures ou égales aux recommandations sur la qualité de l’eau. Les résultats ont aussi révélé que le système de déposition n’avait pas atteint son équilibre après neuf ans d’exploitation. Les résidus étaient encore une source nette de solides dissouts pour la couverture aqueuse et des variations chimiques pouvaient toujours être observées dans la partie profonde des profils de l’eau interstitielle. Enfin, les microprofiles du pH et de l’oxygène et les analyses biologiques moléculaires de la structure de la communauté biologique du biofilm ont indiqué que le biofilm contenait différentes voies métaboliques et que, selon les conditions de luminosité, il était un puits ou une source de H+ et d’oxygène. Cette étude conclut que le biofilm est bénéfique parce qu’il empêche la remise en suspension des résidus et qu’il contribue au maintien des conditions anoxiques dans les sédiments sous-jacents. Enfin, le biofilm piège les métaux dissous entraînés et il diminue les flux de métaux vers la couverture aqueuse.