Des résidus miniers riches en pyrite provenant de la mine de cuivre Coast Copper ont
été versés dans le lac Benson entre 1962 et 1973. Actuellement, les résidus qui se
trouvent dans le bassin lacustre central sont recouverts d'environ 30 cm de sédiments
naturels riches en matières organiques dont le pourcentage massique de carbone
organique est approximativement 7. Le rapport C:N est relativement élevé (~22), ce
qui indique que les matières organiques ont une origine largement terrigène. Le lac
Keogh voisin, qui a servi d'emplacement témoin, fait partie d'un réseau hydrographique
distinct et n'a jamais servi de bassin de réception de résidus miniers. Les sédiments
provenant du centre du lac Keogh ont un pourcentage massique de carbone organique
allant d'environ 11 à 22. Le rapport C:N de la fraction organique varie de 16 à 20, ce
qui porte à croire que ces matières organiques sont en partie terrigènes et en partie
planctoniques.
Une carotte de sédiments a été prélevée dans le lac Benson en août 1991 et une autre
dans le lac Keogh en novembre 1991. Elles ont été traitées en atmosphère d'azote afin
d'en extraire l'eau interstitielle. On a effectué des analyses élémentaires sur la phase
solide des échantillons de sédiments, et on a déterminé les métaux dissous et la
quantité de soufre dans l'eau interstitielle. La carotte en provenance du lac Benson
comportait environ 30 cm de sédiments Anaturels@ (mais néanmoins enrichis en
cuivre) qui reposaient sur des résidus cuprifères riches en sulfure et appauvris en Zn et
en Pb. La carotte provenant du lac Keogh était composée de dépôts organiques
naturels que recoupait une couche d'argile grise de 6 cm d'épaisseur à entre environ
24 et 30 cm de profondeur. Un placage de matériau riche en oxyhydroxyde de
manganèse et de fer recouvre les sédiments dans les deux bassins; son épaisseur
maximale semble être de 5 mm dans le lac Keogh et peut-être un peu plus dans le lac
Benson.
Les concentrations élevées (par rapport aux eaux de fond) de fer dissous à une
profondeur de 1,5 cm dans les dépôts du lac Keogh et de plus de 1,5 cm dans les
sédiments du lac Benson, indiquent que les sédiments naturels sont suboxiques ou
anoxiques à de très faibles profondeurs sous le fond des deux lacs.
Les concentrations de métaux dissous sont faibles dans les eaux de fond des deux
lacs; elles sont à peu près égales ou inférieures aux chiffres établis dans les lignes
directrices du ministère de l'Environnement de la C.-B. ou du CCME. Les teneurs en
soufre sont très faibles, soit < 10 Fymol L-1 (0,09 ma L-1) dans les eaux de fond des
deux bassins.
Des profils très précis de la distribution du Zn, du Pb et du Cd dissous dans l'eau
interstitielle des deux lacs indiquent que les concentrations de ces métaux diminuent
en traversant l'interface sédiment-eau et qu'elles sont invariablement moins élevées
que les concentrations mesurées dans les eaux de fond (au sommet de la carotte).
Ces données confirment qu'au moment de l'échantillonnage dans les deux bassins, il
n'y avait aucun passage de métaux dans la tranche d'eau sus-jacente. Les profils des
concentrations de cuivre dissous dans l'eau interstitielle portent à croire qu'il pourrait y
avoir recyclage diagénétique d'une partie du Cu immédiatement sous l'interface
sédiment-eau dans les dépôts du lac Keogh. Or, les concentrations sont faibles, et il
n'existe aucune indication d'un passage benthique de ce métal. Le profil du lac Benson
indique la même chose: il n'existe aucun indice de passage benthique du cuivre
dissous des sédiments aux eaux de fond, et ce, malgré le fait que les sédiments
"naturels" qui s'accumulent actuellement et qui recouvrent progressivement les résidus
contiennent des concentrations plus élevées de cuivre en phase solide que ce que l'on
s'attendrait à trouver dans un bassin propre.