Le projet Louvicourt était diversifié en raison des contributions de l’industrie, d’universités, de firmes d’experts-conseils et d’organisations gouvernementales. Ces groupes ont réalisé un large éventail d’études, ce qui a offert une rare occasion d’évaluer et de comparer l’efficacité de
différents équipements, procédures d’essai et techniques de prévision.
Des études antérieures, financées par le Programme de neutralisation des eaux de drainage dans l'environnement minier (NEDEM), ont montré que la déposition subaquatique de résidus miniers acidogènes dans des lacs naturels constituait une stratégie efficace d’atténuation des risques de
production d’acide. Les bassins artificiels de résidus miniers présenteraient des avantages similaires, mais il y a trop peu de documentation sur cette technologie pour le confirmer. Les principaux objectifs du projet Louvicourt étaient d’évaluer et de démontrer l’efficacité des couvertures aqueuses peu profondes dans un bassin artificiel, et de cerner les avantages des barrières de matières organiques ou inorganiques placées à l’interface des résidus et de la
couverture aqueuse peu profonde. Une telle démonstration permettrait d’approfondir nos connaissances avec des données sur la conception propres au site pour la fermeture de l’ensemble du bassin de Louvicourt et des données génériques sur la conception et la modélisation prédictive applicables à d’autres sites de résidus réactifs.
Nous avons rédigé ce rapport afin de résumer les principales conclusions de ces études et de faire la synthèse des contributions de ce projet à l’avancement des connaissances en matière d’utilisation de couvertures aqueuses dans des bassins artificiels de résidus miniers.
Voici les principales conclusions du projet :
• Les couvertures aqueuses peu profondes placées dans des bassins artificiels constituent un moyen efficace pour réduire le taux d’oxydation des sulfures, par un facteur d’au moins trois ordres de grandeur par rapport aux taux observés pour des dépôts de résidus en surface non saturés.
• Les faibles taux d’oxydation observés lors d’études en colonne et en cellules de terrain entraînent le passage de métaux (notamment de Cd et de Zn) dans la couverture aqueuse sus-jacente. Les taux de diffusion mesurés des métaux n’occasionneraient probablement pas de concentrations de métaux supérieures aux normes dans les effluents.
• La mesure de la profondeur de pénétration de l’oxygène dans les résidus est habituellement inférieure à 1 cm. L’échantillonnage et l’analyse des eaux interstitielles dans cette très mince couche est difficile et complique l’interprétation de la géochimie dans cette dernière.
• Il est évident que la croissance du périphyton influe sur l’oxydation et l’apport d’oxygène dans les résidus. Le rôle et les effets exacts de la végétation demeurent incertains, mais des études antérieures ont montré que la croissance de végétaux n’entraîne pas une dégradation significative de la qualité de la couverture aqueuse.
• Les barrières entre les résidus et la couverture aqueuse servent habituellement à limiter la pénétration de l’oxygène dans les résidus submergés et à réduire la diffusion des contaminants présents dans l’eau interstitielle des résidus. D’après les résultats de cette étude, il est évident que les matériaux des barrières peuvent constituer une importante source de contaminants dissous. La caractérisation complète de ces matériaux doit donc être intégrée dans le processus de conception de la couverture. On doit également porter une attention particulière aux effets à court terme de ces matériaux sur la qualité de l’eau et on doit établir si ces effets l’emportent sur les avantages à long terme. D’après les études en colonne menées à Louvicourt, les barrières à l’interface résidus/eau n’offrent pas d’avantage à court terme. Étant donné les résultats similaires pour la couverture aqueuse sans barrière, rien ne justifie en ce moment l’utilisation de barrières supplémentaires au site de la mine Louvicourt.