Le présent rapport vise à documenter les caractéristique géochimiques et physiques
de la halde de stériles d'Eskay Creek depuis sa création avec des stériles des
chantiers souterrains au début des années 90 jusqu'à son désassemblage et son
déménagement au fond d'un lac voisin en 1995. Cette halde est une halde de stériles
de type 2 tel que défini dans le rapport NEDEM 1.11.1, "Critical Literature Review of
Acid Drainage from Waste Rock", soit une décharge limitée parallèlement à son axe
par les parois d'une vallée qui dirigent les eaux de ruissellement vers elle. Ce projet a
plusieurs objectifs qui coïncident avec son désassemblage:
- résumer les caractéristiques géochimiques des stériles d'Eskay Creek
- décrire la construction de la halde de stériles
- réaliser un enregistrement vidéo du désassemblage de la halde de stériles
- dresser un journal visuel de parois choisies taillées dans les stériles et y prélever
des échantillons - utiliser un colorant et examiner les trajectoires d'écoulement à petite échelle dans
la halde - documenter l'évolution de la composition chimique de l'eau aux environs de la
halde avant la construction jusqu'à son désassemblage, et - analyser l'équilibre massique de l'acidité dans la halde en utilisant deux
méthodes indépendantes.
Les chapitres et les annexes du présent document contiennent les conclusions et les
données sur lesquelles ils se basent. Certaines données antérieures ont été
réinterprétés en fonction du présent rapport.
Des essais géochimiques, statiques et cinétiques, sur la roche d'Eskay Creek ont
révélé que la roche est, en grande partie, réactive et nettement acidogène et que la
granulométrie a joué un certain rôle. Par conséquent, le drainage acide a fait son
apparition moins de deux and après le début de la mise en place de la halde.
Durant son désassemblage, la halde s'est avérée contenir surtout des stériles à grain
relativement fin qui limitait l'infiltration, en particulier à la surface. Il y a quand même eu
de l'infiltration, parfois accentuée par un seul caillou présent dans les couches à grain
fin. Comme c'est généralement le cas des haldes de type 2, un ruisseau traversait la
halde, favorisant l’expulsion et l’élimination des métaux et l'acidité de la halde.
Presque un an après le désassemblage de la halde, l'eau drainant le bassin versant
était encore acide (pH d'environ 4,7). Il faudra plus d'un an pour atteindre des
concentrations proches des valeurs de fonds.
Deux calculs indépendants du bilan massique pour établir l'acidité de la halde ont
donné des évaluations semblables de l'acidification: 220 et 530 tonnes par année. À ce
rythme, tous les sulfures seraient consommés d'ici 11 à 26 ans.
Malgré un potentiel de neutralisation (PN) important dans la halde, l'acidification des
eaux de drainage a commencé moins de deux ans après la mise en place des
premiers stériles. Selon les calculs du bilan massique, seulement 10 à 20 % du PN
total a été consommé avant l'acidification des eaux de drainage. La cause pourrait être
attribuable à des facteurs physiques comme le chenalisation ou la stratification dans la
halde, facteurs d'ailleurs déjà mentionnés dans une autre étude réalisé par le NEDEM
dans une halde de stériles acidogènes en Colombie-Britannique.
La présente étude a été parrainée par Homestake Canada Inc. dans le cadre du
Programme canadien NEDEM. Il s'agit d'une étude de cas de plus s'ajoutant à la série
menée par le NEDEM sur les haldes de stériles.