SOMMAIRE
Ce rapport présente les résultats d’une évaluation technique entreprise dans le but d’évaluer l’utilité de l’histopathologie comme outil de surveillance environnementale pour l’industrie minière du Canada et met en évidence le rôle que peut jouer cet outil dans la détermination et le suivi des effets des activités minières sur la santé des poissons. Le lecteur trouvera dans ce rapport des informations de base concernant les méthodes diagnostiques, un exposé sur l’importance du jugement dans l’établissement d’un diagnostic et une analyse des effets des fluctuations temporelles sur l’interprétation. La science qu’est la pathologie y est décrite en termes généraux, et des distinctions sont établies entre la pathologie diagnostique ou judiciaire, la pathologie prédictive, la pathologie expérimentale et la pathologie toxicologique. Dans un autre section, une étude de la documentation consacrée aux changements histopathologiques observés au niveau des organes des poissons en cas d’exposition aux métaux renseigne le lecteur sur les changements pathologiques qui peuvent être détectés à l’aide d’un microscope optique (ou microscope à dissection) ou d’un microscope électronique à balayage.
Les méthodes d’examen histopathologique applicables aux poissons sont décrites, et des informations complémentaires concernant l’échantillonnage, la conservation et l’expédition de spécimens et la préparation des échantillons en vue de leur expédition ou de leur utilisation dans le cadre d’études en laboratoire ou sur le terrain sont présentées. Sur le terrain, l’examen histopathologique peut aider à cerner les causes de mortalité massive chez le poisson et à suivre l’évolution de maladies spécifiques et favorise ainsi la réalisation de comparaisons spatiotemporelles. Cet exercice nécessite une bonne expérience de l’évaluation et du traitement des échantillons et de l’examen des lamelles. Il faut plusieurs années pour former un pathologiste, et la formation joue un rôle crucial dans le processus d’évaluation. Des observations sont faites concernant la formation qui doit être dispensée aux pathologistes généralistes et aux chercheurs spécialisés en morphologie, compte tenu du fait qu’une formation appropriée contribue à réduire les risques de résultats erronés. L’importance de bien former les pathologistes et les morphologues et les avantages qui en découlent au plan de l’interprétation et de la normalisation des diagnostics sont mis en valeur.
L’assurance de la qualité intervient à deux étapes de l’examen histopathologique, soit lors de la préparation des lamelles et de l’interprétation des résultats des examens pathologiques. Il est nécessaire d’établir des relations du type dose-réponse pour prévoir a priori les conséquences probables de l’exposition à un contaminant donné. La valeur prédictive de l’histopathologie en ce qui a trait à la détermination des effets sur la santé varie de bonne à excellente. Cependant, aucune variable ne recèle autant d’informations prédictives que les lésions pathognomoniques.
Dans les études expérimentales et les études sur le terrain, le manque de données constitue un problème important qu’il convient de résoudre. Pour la détermination des effets de l’exposition aux métaux sur les organes, il est recommandé d’exposer le plus grand nombre d’espèces possible au plus large éventail possible de métaux et de concentrations. La majorité des études histopathologiques consacrées à ce jour aux effets de l’exposition aux métaux sur les organes des poissons ont accordé une attention beaucoup plus grande aux branchies qu’aux autres organes.
Utilisée à des fins de surveillance environnementale, l’histopathologie comporte plusieurs limites. Les conclusions de l’examen pathologique ne sont valables que pour un moment bien précis, et les changements observés ne s’appliquent qu’à l’échantillon de tissu examiné. Les changements morphologiques deviennent évidents seulement lorsque la capacité d’adaptation des poissons est dépassée. Les relations entre la structure et la fonction, la capacité d’adaptation et la maladie, l’altération de la morphologie et les causes, l’incidence des maladies concomitantes et d’autres variables confusionnelles sont examinées afin d’illustrer les leçons qui peuvent être tirées d’une utilisation appropriée des méthodes de prélèvement et de conservation des échantillons.
Eu égard aux informations présentées ci-haut, l’utilisation de l’histopathologie comme outil de surveillance environnementale est recommandée uniquement aux fins suivantes ou en présence des conditions suivantes :
- évaluation diagnostique en cas de mortalité massive de poissons;
- évaluation de l’état de santé normal d’une population donnée;
- détermination en laboratoire de la concentration d’un composé choisi (dans un effluent ou un lixiviat) ne provoquant aucun effet indésirable;
- évaluation des effets d’un type d’exploitation donné ou de la fermeture d’une entreprise, mais uniquement en présence de données histopathologiques;
- toujours en combinaison avec d’autres outils de surveillance environnementale.
En conclusion, la valeur de l’histopathologie comme outil de suivi des effets des activités minières sur la santé (ou la morbidité) des populations de poissons demeure à évaluer de façon approfondie.