SOMMAIRE
Grâce aux améliorations récentes apportées aux techniques de chimie analytique, les scientifiques sont aujourd’hui capables de mesurer des concentrations de plus en plus faibles de métaux et d’autres contaminants dans l’eau. Dans le même ordre d’idées, une meilleure compréhension des incidences des contaminants sur l’environnement a également entraîné une réduction des concentrations de bon nombre de ces contaminants, jusque-là considérées comme acceptables. Dans tout projet de surveillance de la qualité de l’eau, le fait de pouvoir mesurer de façon fiable des concentrations de contaminants équivalentes au dixième de leurs seuils limites respectifs est considéré comme un objectif fort souhaitable.
La validité des données faisant état de très faibles concentrations de contaminants dépend du prélèvement d’échantillons représentatifs et de l’intégrité des échantillons, laquelle n’est assurée que si toutes les précautions nécessaires sont pour prévenir l’altération et la contamination des échantillons après leur prélèvement. Avant de procéder à l’analyse, toutes les mesures d’assurance de la qualité doivent être mises en place pour assurer l’intégrité des échantillons d’eau durant leur prélèvement, leur transport et leur entreposage. On peut constater et mesurer le niveau de contamination possible par un contrôle de la qualité des échantillons.
Durant le prélèvement, il est extrêmement important de prendre toutes les précautions voulues pour prévenir la contamination des échantillons d’eau qui, une fois prélevés, doivent être conservés afin de prévenir leur altération avant l’analyse. L’utilisation d’agents de conservation chimiques et le respect des températures et des durées d’entreposage recommandées jouent un rôle déterminant dans la conservation des échantillons. Les échantillons d’eau peuvent être contaminés en tout temps durant leur prélèvement, leur conservation, leur manipulation, leur expédition et leur entreposage. Les principales sources de contamination incluent les éléments suivants : bouteilles et bouchons/capsules; agents de conservation; filtres; équipement; pratiques d’échantillonnage, de manipulation et d’entreposage fautives ainsi que les contaminants aéroportés (p. ex., poussière, fumée). Il est possible de réduire les risques de contamination en veillant à ce que toutes les personnes qui participent au prélèvement, à la manipulation et à l’entreposage des échantillons, en laboratoire ou sur le terrain, aient reçu la formation et les instructions requises.
Aux fins de la surveillance de la contamination des échantillons d’eau, on peut utiliser des échantillons témoins ou à blanc, comme par exemple des blancs d’expédition, blancs de terrain, blancs d’équipement, et blancs de filtration.
Une fois que les échantillons sont parvenus au laboratoire, un point essentiel à considérer lors de l’interprétation des résultats des analyses des échantillons présentant de très faibles concentrations de contaminants est la limite de détection ou la concentration en-deçà de laquelle il devient impossible de détecter la présence d’un contaminant donné. Il existe deux grands types de seuils de détection - la limite de détection de la méthode (LDM) et la limite de détection fiable (LDF). La LDM est la réponse mesurée à laquelle la présence d’un contaminant donné est considérée comme certaine à seuil de probabilité prédéterminé (habituellement 95 ou 99 %). La LDF correspond à la plus faible concentration d’un contaminant choisi à laquelle sa détection dans l’échantillon devient possible (c.-àd., résultat d’analyse supérieur à la LDM pour un seuil de probabilité prédéterminé (habituellement 95 ou 99 %). La limite de détection la plus couramment utilisée et celle qui s’approche le plus d’une norme de l’industrie est la LDM (99 %). Pour sa part, la LDF correspond au point à partir duquel les valeurs mesurées deviennent crédibles. Une autre limite, appelé limite de dosage, fournit un autre seuil de confiance dans la mesure où toutes les données qui lui sont supérieures peuvent être considérées comme statistiquement significatives. Une bonne compréhension de la signification des différentes limites de détection peut faciliter l’interprétation des résultats attestant de faibles concentrations (p. ex. très faibles concentrations de métaux dans l’eau). Voici quelques exemples :
- Résultat < LDM : contaminant non détecté.
- LDM ≤ résultat < LDF : contaminant détecté, mais résultat non statistiquement significatif.
- LDF ≤ résultat < limite de dosage : résultat considéré comme près d’être statistiquement significatif à la LDF.
- Résultat ≥ limite de dosage : résultat considéré comme statistiquement significatif.
Une comparaison des critères de qualité de l’eau avec les limites de détection disponibles sur le marché au Canada révèle qu’il est possible, pour la majorité des paramètres qui présentent un intérêt particulier dans le contexte de l’exploitation des métaux, de mesurer des concentrations de contaminants équivalant au dixième des critères de qualité de l’eau établis pour ces mêmes contaminants. Pour la surveillance de la qualité de l’eau, il est préférable de pouvoir mesurer de façon fiable des concentrations de contaminants correspondant au dixième des concentrations acceptables de ces mêmes contaminants. Toutefois, pour plusieurs contaminants, soit l’arsenic, le cadmium, le mercure et le cyanure, les méthodes disponibles actuellement ne permettent pas de mesurer de façon fiable des concentrations aussi faibles. La technologie permettant de mesurer tous les contaminants, sauf le cadmium et le mercure, au dixième des concentrations acceptables les plus faibles pour ces contaminants, est disponible dans certains laboratoires canadiens.